NOTES

 

On trouve dans le Dictionnaire de Chaudon et Delandine, à l'article TASSE, ce récit: « [...] De retour en Italie, il devint amoureux à la cour de Ferrare, de la soeur du duc. Cette passion, jointe aux mauvais traitemens qu'il reçut dans cette cour, fut la source de cette humeur mélancolique qui le consuma pendant 20 annéees. [...] Mais le désir de retourner à Ferrare le tourmentoit toujours. Il y alla de nouveau. Le duc le croyant malade, l'exhorta à ne plus penser qu'à une vie douce, et à la jouissance de la tranquillité qu'il vouloit lui procurer. Son coeur toujours passionné éloignoit ce calme que le prince lui promettoit. Un jour, au milieu de sa cour, il est saisi tout-à-coup d'un accès de sa folie amoureuse; il se jette au cou de la princesse Eléonore, soeur du duc, et l'embrasse avec transport. Alphonse se tournant de sang-froid vers ses courtisans: Quel dommage, leur dit-il, qu'un si grand homme soit devenu fou! Qu'on le transporte à l'hôpital, et qu'on le soigne. (Cette anecdote est tirée de Muratori. ) En effet, il le fit enfermer dans l'hôpital de Sainte-Anne, où la solitude et sa détention forcée le jetèrent dans des maladies violentes et longues, qui lui ôtèrent quelquefois l'usage de la raison. » Mais ces malheurs du Tasse étaient célèbres et Hugo n'avait besoin d'aucun dictionnaire pour les connaître.

Il semble d'ailleurs que ce baiser légendaire relève de la légende. Le Tasse achève la Jérusalem délivrée en 1575. C’est alors que « commencèrent les malheurs du poète. Il convient d’écarter la légende si longtemps accréditée d’après laquelle Torquato Tasso, amoureux de la soeur du duc de Ferrare, Léonore d’Este, aurait été surpris puis chassé ignominieusement par son protecteur et finalement enfermé, pour récidive, dans une maison de fous. Cette fable ne repose sur rien. […] La cause des malheurs du Tasse fut dans son infatuation qui était vraiment prodigieuse. » (P. Larousse, Grand dictionnaire universel.) On parlerait plus volontiers aujourd’hui de paranoïa. Quoi qu’il en soit l’hospice Saint-Anne accueillit Le Tasse de 1579 à 1586. Ses amis procédèrent à la publication de la Jérusalem délivrée en 1580.